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ENCRE ET MÉDUSES

ENCRE ET MÉDUSES

Il suffit ainsi d’un geste diluant l’encre sur le papier, marquant ce dernier d’une tache plus ou moins translucide en forme de dôme, et la prolongeant, presque du même mouvement, de quelques tentacules, pour qu’affleure la forme d’une méduse à laquelle votre regard, encouragé par ce que suggère la silhouette dont on ne sait si elle est en train de s’affirmer  ou de disparaître, prête volontiers la capacité de se laisser dériver ou de se mouvoir lentement dans son milieu, s’y maintenant en équilibre grâce à la densité de sa masse gélatineuse, proche de celle de l’eau de mer. Répétant l’opération quelques dizaines de fois, Vincent Gradstein fait proliférer ses ombrelles contractiles, explorant les capacités de l’encre à générer d’imprévisibles variantes : chaque forme, pour familière qu’elle soit, demeure unique dans l’évidence de sa manifestation. Pour évoquer l’invertébré, l’encre doit dessiner sans contour.

Gérard  Durozoi, 2014

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